Le devoir du soignant de délivrer une bonne information nécessite d’évaluer si elle est compréhensible et satisfaisante pour le patient ou ses proches. Notre objectif principal était de procéder à cette évaluation en chirurgie cardio-vasculaire.
Notre méthode a consisté en une enquête de terrain, prospective, d’une durée de 6 mois (novembre 2000 à avril 2001) ou seuls ont été inclus les patients passant par les soins intensifs. Cette enquête comprenait des interviews en face-à-face avec les patients ou, en cas d’impossibilité, avec l’un des proches. Ces interviews ont été menées par un enquêteur non-médecin, formé à l’éthique médicale, lors de l’entrée ou de la sortie des patients dans le service.
Le questionnaire comportait 27 items liés à l’information du patient (antécédents, informations pratiques, diagnostiques, thérapeutiques, pronostiques) et à sa satisfaction à l’égard de cette information, ainsi qu’une échelle numérique de satisfaction permettant au patient de noter l’information reçue.
A partir de certaines variables du questionnaire, deux scores ont été générés :
score de compréhension (organe, diagnostic, risque vital, traitement, durée d’hospitalisation, complications, prise en charge post-hospitalière)
score de satisfaction (satisfaction globale vis-à-vis de l’information, et à l’égard de sa qualité, sa quantité et sa durée).
L’analyse statistique a été effectuée grâce au test exact de Fisher, au test T de Student et au test du coefficient de corrélation de Pearson.
Les résultats ont porté sur 49 patients (âge moyen : 67 ans ±9.3), 42 hommes et 7 femmes, I.G.S. 2 moyen : 25 ±5.6 et ont révélé un lien positif entre une compréhension correcte (6,4/10 ±1.8) et une satisfaction élevée (8,5/10 ±2.5). Le nom de (ou des) l’organe (s) atteint(s) était connu de façon juste et complète à 89,8%, la durée d’hospitalisation à 83,7%, la rééducation post-hospitalière à 79,6%, le risque vital à 77,6%, le traitement à 49%, le diagnostic à 24,5% et les complications à 2%.
La connaissance du traitement était meilleure lorsque la source d’information reconnue par le patient pour cette donnée était l’équipe médicale du service (p=0.02). Cette connaissance était partielle lorsque cette source était l’équipe paramédicale du service (p=0.005).
Le score de satisfaction était plus élevé lorsque le médecin senior était reconnu comme source principale d’information (p=0.04). Les patients qui ne se soucient pas de l’identité de leur informateur étaient en moyenne plus âgés (p=0.03) et de sexe féminin (p=0.05). Le chirurgien est un informateur souhaité davantage à l’entrée qu’à la sortie du patient dans le service (p=0.03), ainsi que l’anesthésiste (p=0.05) et l’infirmier(e) (p=0.003). La note moyenne de satisfaction était de 8,5/10 (±1.5).
Répondant à l’appel de l’Agence Nationale d’Accréditation
et d’Évaluation en Santé (A.N.A.E.S.), ce travail a révélé
l’écart entre le niveau d’information recommandé et la compréhension
effective des patients. Cette enquête préliminaire demande à
être validée par d’autres études, qui gagneraient à
impliquer des chercheurs indépendants du service et de la médecine.
Page mise à jour le 16/07/06
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